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  • Photo du rédacteurMaureen BOIGEN

De ma 1ère rencontre à un peu plus tard ...

Dans ce lieu aux fondations du XIIe siècle la vaste salle de cet ancien château m’a paru très austère. Une énorme cheminée en pierre grise occupait tout un pan de mur. Les quelques fenêtres étaient si enfoncées dans l’épaisseur des murs en pierre sèche que le soleil ne pouvaient pénétrer. Nous étions en plein mois de juillet et la fraîcheur de ce lieu était saisissante. 

Quelques chaises, deux ou trois matelas garni de coussins, posés à même le sol et un petit canapé éculé constituait le seul mobilier.Nous étions huit stagiaires dont un homme, et 2 thérapeutes, embarqués pour cinq jours dans une aventure dont je ne suis pas prête d’oublier les différentes étapes du voyage. 


Comment me suis-je retrouvée dans ce cercle de personnes pour représenter un frère ?le frère d’une des personnes présentes, dont j’ignorais totalement histoire.« tu es Stéphane qu’est-ce que tu ressens quel serait ton mouvement ? » Ressens ? Mouvement ? Je me sens moi et je ne me sens pas moi, je regarde la personne en face de moi, celle qui est désignée comme étant ma sœur, j’ai froid et je sens mes yeux s’embuer. 


Je suis attirée vers le sol mais je n’ose laisser aller le mouvement. que se passe-t-il? Je regarde autour de moi, je me sens mal à l’aise, agitée et en détresse. La présence vocale et bienveillante de l’animatrice m’apporte la sécurité qui tout à coup me manque terriblement. Je reprends des phrases qui me sont difficiles à dire et qui peu à peu me libère du fardeau qui appuyait si fort sur mes épaules. La personne représentant ma soeur, dit, elle aussi des phrases que j’ai l’impression d’attendre depuis des siècles et qui me bouleversent intensément, des phrases qui apaisent mes tensions présentes. 


L’émotion est palpable, l’espace se densifie à ce seul cercle, le temps n’a plus de temps. 

L’exercice terminé, je reprends ma place et à l’instant le prénom « Stéphane  » ricoche dans ma tête et dans mon histoire familiale comme une blessure béante. Hasard au choix inconscient ? 

Me revient en mémoire un jeu de mon enfance : « on dirait que tu serais… et que tu dirais… et que lui il serait… et que…etc ». J’aimais passionnément ce jeu qui me permettait de basculer dans une autre dimension. J’étais une autre alors je pouvais être moi, ressentir et laisser librement monter en moi des situations et des émotions jusqu’alors retenues. 


« Constellation familiale » je n’avais jamais rencontré cette association de mots : constellation et famille, firmament et maman ?De cette première rencontre, je garde l’expérience imprimée dans mon corps, que chaque être humain, quelque soit son parcours de vie, mérite d’être regardé avec compassion et amour.  « Soit bon avec tous les êtres que tu rencontres, car chacun d’entre eux mène un dur combat. » 


De cette première expérience à trois ans plus tard

Il y a 2 choses fondamentales que je dois aux constellations familiales :

la première chose est de m’avoir permis de déceler l’indécelable ; mon déni émotionnel face à mes avortements. Dans le déni ,c’est une cassure, c’est un lieu de soi mis à distance, c’est un écran à être, c’est vivre en discontinu et hors de sa réalité.


La deuxième chose est avoir pris conscience de ne pas être à ma juste place au sein de mon système familial.Tenter de s’adapter à une autre place que la sienne n’est pas sans conséquences, c’est se positionner en faux par loyauté familiale, c’est aussi ne pas sortir de la toute-puissance de l’enfant et vivre dans une intrication systémique.L’une et l’autre, ont immanquablement eu des effets néfastes sur mon quotidien et m’ont entraînée dans des comportements compensatoires. 


J’ai pu expérimenter  2 temps dans les constellations :

le moment où l’on questionne un problème, où l’on trouve le lien entre ces troubles et des événement important de sa vie, ou on met en lumière des intrications conscientes 

et l’Après.l’Après c’est le long cheminement de l’inconscient vers le conscient, c’est accepter de ressentir sa détresse, sa souffrance ,mais aussi sa responsabilité, c’est renoncer à porter un fardeau qui ne nous appartenait pas, c’est reconnaître les bénéfices secondaires de nos entraves, c’est accepter ce qui est, c’est s’ouvrir à un processus nouveau.


C’est un chemin humble, sans maîtrise, sans vouloir, seulement en éveil et en acceptation jusqu’à l’apaisement, jusqu’aux temps de recueillement, jusqu’au temps du rituel de réconciliation. 

L’après c’est le cadeau du temps. 


La seule personne sur laquelle nous ayons prise c’est nous-même et le regard que nous portons sur les autres. Si notre regard change, alors la relation en est profondément bouleversée et l’autre change aussi.Les vieux réflexes peuvent ressurgir, mais ils sont plus rapidement démasqués, et perdent peu à peu de leur influence. 


Les constellations familiales et systémiques sans être des thérapies, déclenchent inévitablement une impulsion vers un changement. 


Jeanne S. (Thérapeute)

 

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